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Un breton en Chine
26 janvier 2007

Les entreprises françaises ont du mal à fidéliser leurs salariés chinois

Les grands groupes et les PME françaises qui se sont installés en Chine font face à un problème croissant de désertion des effectifs locaux spécialisés. Si elles sont attractives à l’embauche, ces entreprises sont souvent sous le feu des critiques chez leurs salariés chinois en raison de leurs méthodes de gestion.

A son arrivée à la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Shanghai en 2003, Chloé Ascencio a vite été frappée par le renouvellement régulier du personnel chinois dans les entreprises françaises. Les Français semblent incapables de fidéliser leurs employés chinois. "Il y a réellement un problème de turnover" explique Chloé.

Des entreprises qui perdent leurs salariés les plus compétents

Elle a alors décidé de réaliser une enquête de fond sur la question. Elle recueille le témoignage d’une cinquantaine de Chinois francophones et constate : "Le résultat est assez négatif. Il y a un réel problème de confiance. Les managers français ne développent pas suffisamment une approche des relations humaines qui prend en compte le point de vue chinois."

Ce mauvais écho peut paraître étonnant lorsqu’on compare les conditions de travail dans les entreprises françaises et chinoises. Mais la question n’est en fait pas là : "Les Chinois qui travaillent dans les entreprises françaises ne sont pas représentatifs : pour beaucoup, ils ont fait des études, souvent à l’étranger. Ils ont des attentes élevées et ont en général déjà abandonné l’idée de travailler dans une entreprise chinoise, à l’exception des quelques grandes sociétés qui ont des méthodes de gestion étudiées" explique Chloé.

C’est donc dans un contexte de concurrence entre multinationales que les failles du management français s’expriment. Liufang travaille dans un grand groupe de l’Hexagone. Elle explique qu’elle a choisi cette option avant tout pour continuer à pratiquer le français. Mais elle envisage sérieusement de quitter son poste : "Le principal problème est bien sûr le niveau de salaire, inférieur aux autres entreprises occidentales."

Un management peu en phase avec la culture chinoise

Mais le management bride aussi les bonnes intentions. "Les Français savent créer une ambiance sympathique, mais ce n’est pas vraiment ce que les Chinois attendent. Les dirigeants ne respectent pas les délais, les horaires. Ils accordent une souplesse dangereuse quant à la hiérarchie ou aux ordres. Les Chinois préfèrent avoir une relation d’autorité."

L’écoute et des rapports détendus entre collègues devraient-ils donc être négligés ? Pas forcément répond Chloé Ascencio. Selon elle, l’ambiance de travail est également un facteur déterminant pour fidéliser les employés chinois. Mais elle peut être véhiculée par des moyens mieux adaptés à la culture locale : "Les Chinois regrettent souvent la séparation qu’imposent les Français entre leur vie privée et leur vie professionnelle. Il faut privilégier les activités extérieures pour renforcer les liens." Le karaoké, cher aux patrons chinois, est une méthode qui a fait ses preuves dans ce domaine.

Rémunérer à la performance, une idée qui divise

Mais la principale raison du manque d’attractivité français semble bien être le système de rémunération. Huyong explique pourquoi il a préféré une compagnie maritime américaine à une autre française : "Les Américains rémunèrent en fonction du travail fourni. La performance est importante pour eux. Ca donne envie d’en faire toujours plus." Il reconnaît cependant que les entreprises françaises sont plus sécurisantes et licencient moins. Mais Liufang le confirme aussi de son côté : "Entre sécurité et compétition, je préfère le challenge !"

Chloé Ascencio explique ainsi que la grande pression sociale qu’ont connue les jeunes diplômés pour mener à bien leurs études leur a ouvert un appétit qui fait fi du risque : "Les entreprises françaises doivent apprendre à récompenser l’atteinte d’objectifs. En Chine, il n’y a pas de sentiment naturel d’appartenance à une entreprise comme il y en a en France."

Un souci de plus donc, pour les entrepreneurs français en Chine : ici, le personnel ne se contente pas de gentilles tapes dans le dos, il préfère de loin un intéressement aux résultats. Cette obsession du résultat n’est pas une composante essentielle de la culture française. Cela semble poser problème aux employés chinois.

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Commentaires
H
tu bossais dans quelles boites avant? <br /> actuellement,mon patron est sympa avec moi, heureusement
C
très intéressant. effectivement j'ai vu bcp de salariés chinois très compétents (souvent bilingues, voire trilingues) démissionner de la boîte française où je bossais avant ...
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